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Au pays des Kra et des Li
2 mars 2007

Shallaye, Shallaye,

Ce mot s'échappe de ma bouche, je ne le contrôle pas et, du reste, je ne l'ai jamais contrôlé. Un mot maudit qui parfois deviens vertueux et engagé, qui se revêt d'un habit de bénédiction, me donne un second souffle, un autre courage, et c'est moi-même qui le bénis. Mais parfois m'entraîne à mes limites, se joue de moi, me met en position de vulnérabilité, cherche à me faire chuter, et à terre me dit tu cherches un coupable à ton malheur? Mais regarde, tu es seul, moi je ne suis que du vent, je n'ai vécu que deux secondes et qui m'a fait naître? Ta langue.

Ce mot-là ne connaît pas le hasard, il s'économise et survient que quand il est sûr de gagner. Il me connaît, il me guette. Il sait très bien quand je veux sortir alors que je devrais rester sagement chez moi, il voit quand mes jambes s'engourdissent et réclament une musique qui n'a d'interêt qu'en étant accompagné, il sent mon corps qui n'est pas rassasié, il a la notion du bien et du mal. Je l'abhorre pour toutes ces raisons. Cependant je ne lui en veux pas, car dans toute relation le bourreau et la victime sont consentantes et je dois avouer, quand j'hésite je le laisse faire car j'ai besoin d'une excuse. Mais qu'on ne me dise pas que je suis un lâche, car je tends le bâton pour me faire frapper. Mais qu'on ne me dise pas non-plus masochiste, car parfois c'est moi qui gagne. Non, qu'on me dise simplement joueur. Souvent je ne veux plus rien contrôler, j'ai juste besoin de vérifier et face aux doutes, à la peur de la futilité, ces deux secondes de vent balaie tout. Shallaye Shallaye.

Sauf que hier j'ai perdu.

La mise était placée haute et je savais très bien à quoi je m'exposais, un minimum de bon sens voit le danger venir et un minimum de volonté l'évite. C'est ce qui fait défaut. Je suis retourné là où on m'a déjà usé, là où je me suis battu pour ne gagner que des phrases vides, là où j'ai séduit pour être accepté, là où j'ai dépensé jusqu'à dilapider ma patience. J'ai bien montré que j'étais toujours là mais qu'en fait non, je ne suis plus vraiment là, ne serai plus jamais vraiment là. Je suis rentré, engourdis et tiraillé, affamé, assoiffé, en manque de me sentir vivant, encore plus dans le doute, enveloppé par la peur, mais pas fâché ou déçu. Ce mot, encore ce mot, n'a jamais rien créé et surtout pas la solitude, mais elle s'évertue à me la montrer. Ensuite, que je l'accepte ou la combatte ne dépend que de moi, mais jamais, jamais, et ceci à cause de ce mot, je pourrais l'ignorer ou feindre qu'elle n'existe pas alors… Shallaye Shallaye.

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Commentaires
S
mouarf ouarf, quel couillon.<br /> tes recherches sont interessantes mais il n'y a aucun lien avec le susnommé.
J
Félicien Challaye, né à Lyon en 1875, décédé à Paris en 1967, philosophe et journaliste anticolonialiste. Dreyfusard et rédacteur des Cahiers de la Quinzaine de Charles Péguy, il se ralliera au régime de Vichy persuadé de la volonté pacifiste des dirigeants allemands.
Au pays des Kra et des Li
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