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Au pays des Kra et des Li
20 février 2007

What's up, doc?

Tout est une affaire de résistance et de limites.

Là j'avoue que je me fatigue un peu à toujours les taquiner mais quand je me repose j'ai l'impression de perdre mon temps. C'est grave docteur? Je me demande qui m'a mis dans la tête que le temps n'est pas à perdre, que si je mourrais demain mieux valait ne pas regretter d'avoir gaspiller ces quelques années. Qui me disait: meilleurs des remords que des regrets? J'aime bien cette phrase. Ah oui, c'est d'une anglaise connue en Equateur. Elle me disait aussi: you used to smile a lot before we dated. La théorie par la pratique, ouais, des remords mais au moins j'étais fixé, donc pas de regrets.

Je ne sais pourquoi ni comment mais à une époque j'étais patient, un modèle de patience même, puis plus. Je crois que ca a changé en rentrant de mon année en Amérique du Sud, dernière belle période d'insouciance, où il a fallu que je me dise que c'était bien beau de bourlinguer à m'occuper avec une profession qui n'est pas du tout la mienne mais qu'il était de mettre en place mon futur. Depuis je cours. J'ai l'impression de n'avoir rien appris jusqu'à 21 ans, d'avoir eu la belle vie 4 ans de plus et que tout est à faire maintenant. Alors je cours. Un autre anglais m'a dit, en Colombie cette fois… (pour celles et ceux qui ont un vrai endroit qu'on appelle maison et/ou qui ne resente pas le besoin d'aller voir ailleurs, il faut savoir que, où qu'on aille, on est sûr de rencontrer des anglais, des allemands et des suisses)… cet anglais donc, dans la quarantaine, me disait que pour rien au monde il aimerait avoir de nouveau 20 ans. Pas que se soit mal passé, au contraire, mais c'est du boulot et on profite mieux à 40. bon, faut dire qu'il n'avait pas d'enfant et la tune pour voyager. J'aime bien les anglais, leurs manières, leur pragmatisme, leur flegme, même si je ne resens pas le besoin ou l'envie d'aller dans leur pays, un jour sûrement.

Donc je cours. J'ai couru jusqu'à arriver dans mon village krali et je me suis embourbé. J'aimerais bien courir encore mais ca va pas plus vite qu'au pas. Et c'est là qu'entrent en jeu la résistance et les limites. Jusqu'où tiendrai-je? J'ai toujours l'espoir que soudainement le rythme va reprendre mais il y a 10 jours j'ai eu une expérience interessante. Bon rien de techniquement grave mais j'ai dû sortir précipitamment d'un bar à cause de gens qui incarnaient tout ce que je n'aime pas chez mes villageois et je sentais la pression monter inexorablement. Plus de patience envers ces gens. Je suis sorti, j'ai crié un bon coup et suis rentré chez moi. Ma tolérence était-elle juste basse à ce moment ou est-elle définitivement érodée? Est-ce que la dépasser est un signal d'alerte ou un simple moment d'égarement?

Mais y'a aussi d'autres limites que je transgresse. Quand j'ai l'occas' de faire la fête je m'en donne à cœur-joie jusqu'au petit matin. Jeudi passé, lancement du carnaval, je vais à Konstanz retrouver quelques amis. Des gens déguisés dans toute la ville, on est arrivé tard alors on rattrape le temps perdu, j'ai constamment une bière dans chaque main, on rencontre du joli monde de Stuttgart, se fait jeter à la fermeture, fini dans un club, m'en vais prendre le train qui n'est même plus le premier, une heure de voyage dans un train vide, je m'assoupis en prenant mes aises, je me réveille à l'approche de mon village, le train est maintenant bondé de pendulaires allant comme chaque jour au travail et moi suis vautré sur trois places, en t-shirt, bourré, puant le parfum. Ca aurait pu être un grand moment de solitude mais non, ca me fait sourire.

– C'est quoi le nom du lancement du carnaval?
– Schmutziger Donnerstag
– Ah ouais, le sale jeudi…

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Commentaires
S
euh... ca va Jé??<br /> on t'y réservera aussi une place de toute facon
J
vous irez tous en enfer<br /> gniaarhahahaharg
S
Ouais je devrais peut-être arreter de tirer sur la corde tout le temps. Je finirai bien par le payer un jour.
M
j'espère pour toi que ton corps tiendra la distance. tant que ce sera le cas, tu peux bien transgresser les limites. mais il suffit d'une petite poussière de trop et paf, hop tout s'écroule. je parle de ça parce que je viens d'apprendre que j'étais asthmatique. c'est quand même un comble qui mangera mes futures économies pour les deux ans à venir... alors j'espère que t'auras pas de problèmes de ce genre!
S
ouais, c'était très riche emotionnellement. J'avais encore jamais expérimenté la rage de cette manière. Bon, faut dire que les barrières du control de soi avaient aussi glissé sur une mare d'alcool sournoisement disposée mais, n'empêche, dans un cas comme ca je suis normalement drôle et j'aime tout le monde ou alors juste mélancolique mais pas la rage voyons.<br /> <br /> Ouais je raconterai ca un jour.
Au pays des Kra et des Li
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